Deux nouvelles se sont récemment télescopées dans ma timeline ; il est difficile de ne pas les lier dans une certaine mesure et donner un titre piègeaclic fabuleux à ce billet.
De l’ennui profond nait la créativité
Ou, de façon plus nuancée pour se rapprocher du titre de l’article initial (en anglais), les réseaux sociaux empêcheraient leurs usagers de récolter les fruits créatifs d’un ennui profond
:
“The problem we observed was that social media can alleviate superficial boredom but that distraction sucks up time and energy, and may prevent people progressing to a state of profound boredom, where they might discover new passions,” said Dr Timothy Hill, co-author of the study ‘Mundane emotions: losing yourself in boredom, time and technology’.
Social media may prevent users from reaping creative rewards of profound boredom - new research
Cette capacité des réseaux sociaux à meubler notre temps de cerveau humain disponible à grands coups d’outrance, de dopamine et de doomscrolling nous empêche de ce fait de trouver d’autres moyens plus intéressants ou plus utiles de nous occuper sur terre.
Les IA se nourrissent d’elles-même
Les textes générés par IA sont déjà en train de « polluer » Internet1, celles-ci s’abreuvant continuellement des contenus disponibles sur le Web et publiant le résultat sur… le Web et les réseaux sociaux notamment.
Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est qu’il sera de plus en plus difficile de trouver des données de qualité, et non générées par une IA, pour entraîner les futurs modèles d’IA. « Il est vraiment important de se demander si nous devons nous entraîner sur la totalité de l’Internet ou s’il existe des moyens de filtrer les éléments de haute qualité qui nous donneront le type de modèle linguistique que nous voulons », explique Daphne Ippolito
Les textes générés par IA sont déjà en train de « polluer » Internet
J’ai moi-même récemment participé à cela sans m’en rendre compte en demandant à ChatGPT de me raconter l’histoire de John Mastodon puis en publiant le résultat sur le réseau Mastodon lui-même. Si la prochaine mise à jour de ChatGPT se fait en absorbant mon post, il se sera ainsi cannibalisé.
Les IA se nourrisent donc partiellement d’elles-même, un peu comme ces vaches alimentées aux farines de carcasses de bovins et les sympathiques résultats sanitaires qui ont découlé de cette “innovation”. Et nous recrachent cette mixture biaisée pour que nous nous divertissions de plus en plus confortablement de cette nouvelle version numérique des maladies à prion, aux dépens de notre propre capacité à imaginer ou discerner le faux du vrai.
Que pourrait-il mal se passer ?
-
Vous admirerez au passage la photo illustrative de l’article qui affiche un extrait du code source JavaScript de Bootstrap pour évoquer la sophistication de l’IA… Trust My Science est le nom du site. ↩